Titre : |
Les Choses voient, : roman |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Edouard Estaunié (1862-1942), Auteur |
Editeur : |
Paris [France] : Librairie académique Perrin |
Année de publication : |
1913 |
Importance : |
1 vol. 434 p. |
Présentation : |
rel. |
Format : |
in 12° |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
D Belles-Lettres:R Fictions
|
Mots-clés : |
R208 |
Index. décimale : |
XX ème siècle |
Résumé : |
Les Choses voient (1913), se déroule à Dijon et met en scène plusieurs générations d'une famille, observées par la "Maison", et ses meubles qui est un personnage à part entière.
"Sous couvert de donner la parole aux choses, Edouard Estaunié met en scène un personnage, Noémie Pégu, dont la solitude effrayante annonce les héros de Julien Green au milieu de pauvres et fortes haines provinciales qui pourraient séduire un François Mauriac. L’artifice des objets, une horloge symbole du temps qui passe, un miroir qui reflète l’image des hommes qu’ils ne voient pas, un secrétaire qui enferme leurs secrets, parfaitement réussi, impose à l’auteur le retour à l’unité de lieu : une maison, théâtre et enjeu, amplifie la sensation d’enfermement dans laquelle se débattent des personnages qui ne dominent jamais un destin après lequel ils courent et qui les abat.
C’est au-delà des apparences trompeuses et rassurantes, dans l’intimité des êtres, que se jouent les drames. Le destin et la vie de l’héroïne qui n’apparaît pas immédiatement comme telle, est proprement effrayant et il faut la subtilité de l’auteur pour en rendre acceptable un quotidien insignifiant derrière lequel se profilent haines, amours, ambitions, le second drame n’étant que la répétition et la conséquence du premier.
Analyste subtil, l’auteur s’attache aux interrogations existentielles qui tissent autour des marionnettes du destin des fatalités qui les dépassent et se nourrissent de leurs désirs et de leurs sentiments.
Si la province convient parfaitement comme cadre de ces récits, ils atteignent à une sorte de situation désincarnée qui les fait dépasser époque et lieu. On n’est pas loin ici des huis-clos sartriens.
Le roman, fort et original, se termine par la sortie des deux personnages importants encore vivants qui vont vivre, ailleurs, une vie dont la maison et les lecteurs ne sauront rien.
Le polytechnicien et le scientifique participent à la construction et au style rigoureux du roman. Le récit est tendu par l’angoisse des choses qui reflète et anticipe celle des humains et donne du poids à des existences insignifiantes marquées par leur implacable destin, deux critiques au moins ont parlé à leur sujet de "chœur antique". Ce roman est incontestablement un grand roman dont on comprend mal qu’il puisse être aujourd’hui, comme l’auteur, oublié. On peut se demander si Proust et Gide n’ont pas contribué par leur notoriété à écraser injustement les plus beaux fruits d’une époque dont ils ne sont que les deux affiches les plus visibles, quelque peu en dehors et loin, l’un comme l’autre, de la résumer.
"Les romans ne valent rien pour les jeunes filles" p.39
" Il en est de l'homme tout autrement que des choses. Nous au moins savons ce que. nous sommes, d'où nous venons, pourquoi nous sommes faites. L'homme, lui, s'ignore absolument. Non seulement il ne soupçonne pas son origine et doute de sa destinée, mais le présent lui échappe. Viennent les heures troubles. Il s'épuise à se diriger à travers un torrent de pensées contradictoires. Il cherche encore son chemin qu'il roule, emporté par le courant des faits, entraînant avec lui tout ce qui l'approche. à la fois inconscient du sort qui l'attend et lourd de la destinée d'autrui. " p 53 "- L'amour est un mot dont les hommes se servent pour excuser leurs méfaits. " p 213 " Ce que valent les hommes ? Question plaisante : cela dépend de l'heure où on les voit. " p 216"
Source:http://andrebourgeois.fr/EdouardEstaunie.htm#ChosesVoient |
Les Choses voient, : roman [texte imprimé] / Edouard Estaunié (1862-1942), Auteur . - Paris [France] : Librairie académique Perrin, 1913 . - 1 vol. 434 p. : rel. ; in 12°. Langues : Français ( fre)
Catégories : |
D Belles-Lettres:R Fictions
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Mots-clés : |
R208 |
Index. décimale : |
XX ème siècle |
Résumé : |
Les Choses voient (1913), se déroule à Dijon et met en scène plusieurs générations d'une famille, observées par la "Maison", et ses meubles qui est un personnage à part entière.
"Sous couvert de donner la parole aux choses, Edouard Estaunié met en scène un personnage, Noémie Pégu, dont la solitude effrayante annonce les héros de Julien Green au milieu de pauvres et fortes haines provinciales qui pourraient séduire un François Mauriac. L’artifice des objets, une horloge symbole du temps qui passe, un miroir qui reflète l’image des hommes qu’ils ne voient pas, un secrétaire qui enferme leurs secrets, parfaitement réussi, impose à l’auteur le retour à l’unité de lieu : une maison, théâtre et enjeu, amplifie la sensation d’enfermement dans laquelle se débattent des personnages qui ne dominent jamais un destin après lequel ils courent et qui les abat.
C’est au-delà des apparences trompeuses et rassurantes, dans l’intimité des êtres, que se jouent les drames. Le destin et la vie de l’héroïne qui n’apparaît pas immédiatement comme telle, est proprement effrayant et il faut la subtilité de l’auteur pour en rendre acceptable un quotidien insignifiant derrière lequel se profilent haines, amours, ambitions, le second drame n’étant que la répétition et la conséquence du premier.
Analyste subtil, l’auteur s’attache aux interrogations existentielles qui tissent autour des marionnettes du destin des fatalités qui les dépassent et se nourrissent de leurs désirs et de leurs sentiments.
Si la province convient parfaitement comme cadre de ces récits, ils atteignent à une sorte de situation désincarnée qui les fait dépasser époque et lieu. On n’est pas loin ici des huis-clos sartriens.
Le roman, fort et original, se termine par la sortie des deux personnages importants encore vivants qui vont vivre, ailleurs, une vie dont la maison et les lecteurs ne sauront rien.
Le polytechnicien et le scientifique participent à la construction et au style rigoureux du roman. Le récit est tendu par l’angoisse des choses qui reflète et anticipe celle des humains et donne du poids à des existences insignifiantes marquées par leur implacable destin, deux critiques au moins ont parlé à leur sujet de "chœur antique". Ce roman est incontestablement un grand roman dont on comprend mal qu’il puisse être aujourd’hui, comme l’auteur, oublié. On peut se demander si Proust et Gide n’ont pas contribué par leur notoriété à écraser injustement les plus beaux fruits d’une époque dont ils ne sont que les deux affiches les plus visibles, quelque peu en dehors et loin, l’un comme l’autre, de la résumer.
"Les romans ne valent rien pour les jeunes filles" p.39
" Il en est de l'homme tout autrement que des choses. Nous au moins savons ce que. nous sommes, d'où nous venons, pourquoi nous sommes faites. L'homme, lui, s'ignore absolument. Non seulement il ne soupçonne pas son origine et doute de sa destinée, mais le présent lui échappe. Viennent les heures troubles. Il s'épuise à se diriger à travers un torrent de pensées contradictoires. Il cherche encore son chemin qu'il roule, emporté par le courant des faits, entraînant avec lui tout ce qui l'approche. à la fois inconscient du sort qui l'attend et lourd de la destinée d'autrui. " p 53 "- L'amour est un mot dont les hommes se servent pour excuser leurs méfaits. " p 213 " Ce que valent les hommes ? Question plaisante : cela dépend de l'heure où on les voit. " p 216"
Source:http://andrebourgeois.fr/EdouardEstaunie.htm#ChosesVoient |
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